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Joyeux Noël ! Felice Natale ! Bon bout d'An ! Bon capu d'Annu !
Quel sonnet à l'An neuf aurait pu composer Henri Ceccaldi, alias Diogène, en cette fin 2023 ? On peut revenir à celui écrit fin 1954... en changeant les dates.
Diogène aimait aussi faire des prédictions non sans humour caustique et à portée politique. Il ne se faisait notamment aucune illusion sur le développement de la Corse et l'organisme qu'était la SOMIVAC, remplacée en 1984 par l'Office de développement agricole et rural de la Corse (ODARC) dépendant de l'Assemblée de la Corse, créée deux ans plus tôt.
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Henri Ceccaldi est décédé le 24 février 1961 à l’âge de 49 ans. Après sa mort, les épitaphes furent élogieuses. " C’était un homme qui avait son panache et son originalité qui le distinguait du commun. Massif, solide comme un roc. Une paisible gravité reposait sur son visage, cette gravité qui vient d’une vie intérieure intense et d’un travail spirituel incessant. Derrière les lunettes, ‘d’étranges prunelles, larges et polies comme des cailloux, ne laissaient rien transparaître. Il parle d’une voix douce avec l’assurance que donne une longue habitude du maniement des idées. C’était aussi un écrivain plein de fantaisie et de verve, capable d’une soudaine tendresse pour une injustice réparée, mais opposant systématique contre la mégalomanie, l’inconscience et les forbans qui se parent du masque du patriotisme et de la vertu pour mieux vous persécuter et vous démolir. "
Henri Ceccaldi signait ses articles sous le pseudonyme de Diogène. Il le faisait sans agressivité. Il connaissait la valeur des mots. C’est aussi pour cela qu’on le surnommait " Henri la plume " au sein d’un trio d’amis qui comptait Henri le pinceau et Henri la Pendule. En quelques phrases et souvent en versifiant, il fustigeait inlassablement les fossoyeurs de la Corse. Il parlait de la désertification et de l’incurie du pouvoir central, mais aussi des bassesses humaines dont la toponymie n’écarte pas l’Île.
Dans ses billets quotidiens, Henri Ceccaldi croquait, avec un bel esprit, les problèmes insulaires. Il a écrit sous d’autres pseudonymes : " Ad Jaceo " "L’écouteur " et " Mathieu Henri ", mais aussi sous sa véritable identité. Après la Résistance, il avait débuté comme rédacteur en chef du journal " La quatrième République ". Lorsque, en dernier lieu, il a occupé les fonctions de rédacteur à la Direction des services agricoles de la Corse, Diogène a continué à alimenter sa chronique dans le journal corse " L’Informateur ".
Notre Diogène insulaire s’était impliqué dans la culture corse. En 1951, il avait créé l’association culturelle et sportive " Altitudes ". En Août 1957, dans son village " Evisa ", où résidait le poète Minicale et Mathieu Ceccaldi ( auteur d’un dictionnaire de la "lingua nostrale" et d’un anthologie de la littérature corse*), sont venus des quatre coins de la Corse les poètes et improvisateurs célèbres comme Carulu Giovoni, Leca du u Furcatu, Julien Mattei de Croce, Simonu d’Aulle, Dominique Marfisi ( auteur-compositeur d’U caporale, Ma Cosa c’è ) , Sampetracciu, U Merlu d’Aiacciu, Iannettu Nottini ( auteur des " Ficca-Ficca " et " A Pulitica ") , Cesaru di l’Aquale. L’actrice Madeleine Robinson et l’acteur Daniel Ceccaldi participèrent à ce festival, qui connut trois éditions (1956,1957 et 1958), fut un des derniers à rassembler les poètes et les représentants de la culture orale corse.
Si des intellectuels insulaires sont à l’origine du Riacquistu dans les années 1970, il ne faudrait pas oublier ceux qui les ont précédés dans cette voie et, par ses initiatives, Henri Ceccaldi en fait partie. La plupart sont morts. Ils étaient présents à ce premier festival de la langue et de la chanson corse, qui a donné lieu à des débats sur la préservation de la " lingua nostrale " et qui s’est renouvelé jusqu’en 1958. Il aura fallu un quart de siècle pour arriver, en 1973, à ce qu’ils souhaitaient déjà : l’enseignement du corse autorisé par la loi Deixonne, déjà votée en 1951 en faveur d’autres langues dites régionales.
Henri Ceccaldi était le Président du comité de réception de ce grand festival de la langue et de la chanson corses. Le 5 septembre 1957, dans un entretien avec Pascal Bontempi, il avait le projet d’organiser un festival d’art dramatique méditerranéen. Il déclarait alors : " La Corse, hélas ! manque de spectacles de qualité (les villages surtout). Sur le continent, toutes les villes de province ont la chance d’accueillir les grandes tournées théâtrales ; elles ont ainsi l’occasion d’applaudir nos prestigieuses vedettes de la scène et de l’écran. Ces mêmes comédiens ne viennent en Corse que pour y passer leurs vacances. Or, il est admis que les populations de l’île savent apprécier, avec une compréhension toute latine d’ailleurs, les manifestations artistiques de valeur réelle.Henri Ceccaldi reste lui-même l’auteur d’une farce électorale " U votu di Cirottu " (Le vote de l’électeur) qui a été créée le 29 mai 1956 à l’Opéra de Marseille par le groupe folklorique " A sirinnata ajaccina ", puis fut rejouée en Corse.
Comme d’autres Corses qui ont pourtant œuvré pour l’île, Henri Ceccaldi , alias Diogène, ne figure pas dans le dictionnaire historique de la Corse édité chez Albiana sous la direction d’Antoine Laurent Serpentini. Il fait partie des oublis sans doute. La preuve que ceux qui prennent en charge la mémoire d’un peuple ne le font pas de façon exhaustive. J’espère que leur mémoire n’est pas sélective. Henri Ceccaldi pourrait être un exemple pour les jeunes journalistes insulaires. Diogène, sans décoration mais avec sagesse, était un opposant permanent. Il dénonçait, avec ses mots scandés ou pas, les petits et les grands scandales insulaires. " Un chroniqueur plein d’esprit, alliant la finesse du détail à un robuste bon sens " écrivait un confrère dans une épitaphe. Certains de ses articles publiés dans l’Informateur, ont encore une résonance dans l’actualité et mériteraient d’être à nouveau publiés. Nous livrons, dans ce blog, quelques bribes du talent d’Henri la plume. Il savait que les mots sont à la fois des cadeaux et des armes.
Mathieu, Henri, Antoine Ceccaldi (son premier prénom était Mathieu) est né le 25 avril 1912 à Evisa. Il était l’héritier direct d’une littérature orale. Son père était poète ainsi que sa mère qui savait faire chanter les mots. Elle survécut à son mari et ses trois enfants. Elle improvisait des Chjam’è rispondi avec ses morts toujours présents dans sa pensée. Encore vivante, elle était tous les jours avec eux. La compagne d'Henri, Margrethe Jansen, est partie le 29 mai 2011 à l’âge de 91 ans.
L'identité d'Henri la plume, elle est d’abord dans son nom " Ceccaldi " qui ouvre à une généalogie et renvoie à un groupe, à une lignée, aux villages d’Evisa et de Partinello, mais aussi à une ethnie, c’est-à-dire à un ensemble d’individus liés par une communauté de langue et de culture (et non pas à des caractères anatomiques). Ces critères ont dû le pousser à s’intéresser d’abord à cette culture corse et permettre sans doute d’identifier des signes culturels dans sa façon de penser, dans son comportement et dans ses rapports avec les autres. Est-ce dite qu’être corse, pour lui, c’était correspondre à un modèle ? Nullement ! Henri Ceccaldi avait une forte personnalité. Tous ceux qui l’ont connu en témoignent.
Si on se réfère à la communauté corse, elle a toujours comporté un grand nombre de cas individuels, de personnages marginaux et souvent talentueux dans différents domaines. Comment cette diversité a pu exister ? C’est sans doute que l’identité véritable est à la fois différence et unité, variation et permanence. Elle se construit en combinant identification et différenciation. Aujourd’hui, hors de la communauté villageoise, les cadres de référence se sont brouillés notamment par l’émigration et le tourisme. Henri Ceccaldi se refusait à une identification rigide, sectaire, voire maniaque. Sa Corsité ne pouvait se limiter à des incantations et des idées reçues par complaisance passéiste.
Le fait corse, c’est l’insularité et la résistance d’une culture à plusieurs vagues de conquérants. La Corse a une langue et une histoire préhistorique. Elle existait avant d’être latinisée. Ceux qui ont fait du latin ont peut-être traduit des textes de Sénèque et de Tite-Live sur cette île difficile à dominer. La résistance, comme d’autres Corses, Henri Ceccaldi l’avait vécue pendant la deuxième guerre mondiale. Elle est ancienne et s’est aussi exercée contre la France qui, rappelons l’Histoire, a acheté la Corse avec ses habitants soumis par la force guerrière.La Corsité est un fort enracinement. Elle s’explique par l’insularité, la coexistence d’une histoire et d’une culture anciennes. Quant à la filiation, les succès de la généalogie auprès des Corses démontrent le respect qu’ils ont pour leur passé humain.
La Corsitude, aujourd’hui encore, c’est aussi être désigné comme tel avec des préjugés fantasmés (dans des évaluations d’embauche, on peut trouver sur les fiches de candidats insulaires l’observation " corse attitude "). Cela ouvre à un sentiment de solidarité dont Henri Ceccaldi ne s’est jamais départi.
" Connais-tu la Corse ? " est le titre d’un ouvrage de Petru Rocca avec, en illustrations, des aquarelles de R.G Gautier et des cartes dressées par Petru Ciavatti. Diogène le conseillait dans un de ses articles. Petru Rocca a dirigé le premier parti ouvertement autonomiste, issu en 1927 du Partitu Corsu d’Azione. Mais, en ce qui me concerne, c’est en lisant les articles de Diogène que j’ai appris à mieux connaître la Corse mystifiée, et par mystification, entendons toutes les dérives extra et intramuros que l’île a connues ou subies. Dans l’un de ses derniers écrits en date du 12 Septembre 1960, Henri Ceccaldi disait : " Un séjour prolongé à la montagne m’a permis de relire " en toute sérénité ", comme dit l’autre, des vieux journaux et revues insulaires d’avant et après les 2 guerres : rien n’a changé dans notre actualité corse. Dans un journal de 1922, par exemple, un politicien fait un long exposé sur l’urgence du relèvement agricole et économique de la Corse. Dans une revue spécialisée de 1930, le tourisme et l’équipement hôtelier sont des " nécessités vitales " pour notre département. La plupart des articles affirment que la Corse " se meurt ", qu’elle est " abandonnée ", que des mesures " énergiques " s’imposent. Et nous arrivons ainsi à l’automne 1960. J’avoue qu’il est difficile de faire preuve d’originalité dans l’exploitation des sujets de mécontentement. Aussi je me propose, dans mes prochaines chroniques, de dire tout le bien que je pense des choses qui vont mal. " Il n’a pas assisté à l’évolution de la Corse depuis les années 1960 dont il aurait été un témoin attentif car, dans ses écrits, on retrouve les germes de cette évolution. Il n’a donc pas pu commenter les plans d’actions, les schémas d’aménagement et de développement continuant à vouloir faire de la Corse un parc d’attraction touristique et débouchant sur les raisins de la colère d’Aléria en août 1975. Alors que les nombres des touristes et des résidences secondaires se sont accrus, le mouvement d’émigration des Corses n’a pas été enrayé.
Lorsque le journal " L’informateur " fit peau neuve pour devenir l’hebdomadaire " L’informateur corse ", Henri Ceccaldi fut cité parmi les grands absents aux côtés d’autres disparus qui ont participé à la vie du journal.
Des journalistes corses regrettaient ou dénonçaient, après la guerre de 1939-45, la diabolisation de la Corse et la politique continentale de type colonial, relayée par la complicité de certains élus qui pratiquaient la brosse à reluire. A l’époque, quatre grands titres de Journaux couvraient l'île : " le Journal de la Corse" à Ajaccio, "L’Informateur " et "Le Petit Bastiais" à Bastia , enfin le "Patriote" représentants les communistes. A ceux-là, s'ajoute l'hebdomadaire dominical du parti communiste "Terre Corse". Il faut aussi citer " U Muntese ", revue bilingue créée en 1955 et fermée en 1972. Dautres ont disparu avant 1940 comme Muvra, L’annu Corsu, A tramuntana, l’Ile… L’Informateur corse existe encore, comme le Petit Bastiais et le Journal de la Corse (doyen des journaux corses puisque sa création remonte à 1817).
Henri Ceccaldi a toujours écrit comme l’exigeait son origine. A l’expression "Corse attitude ", nous préférons, en ce qui le concerne, celle de " corse a(l)titude ". Altitude comme le nom de l’association qu’il avait créée, car Diogène savait en toute chose prendre de la hauteur. Il faisait preuve d’une réflexion marquée au " coin " du bon sens. Il savait aussi prendre de la distance avec la dramaturgie corse, en jouant avec talent d’un autre atavisme insulaire : l’humour. Il s’agit d’un humour qui sauve du désespoir tout en faisant appel aux consciences. Nous aurions aimé le rencontrer au " coin du feu " dans le village d’Evisa ou au " bar du coin " à Ajaccio.
Le 22 février 1961, Henri la plume a quitté son coin de Diogène et pris éternellement de l’altitude. La presse corse lui a rendu hommage à travers des articles dont nous publions quelques exemplaires …
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Comment omettre l’importance des mots lorsque l’on sait que cette omission laisse la voie libre aux stéréotypes, amalgames, présupposés, préjugés et sophismes de toutes plumes qui clôturent la pensée ? Il faut souligner l’ampleur et la gravité de leurs effets pervers qui entretiennent l’imaginaire collectif dans ce qu’il a de plus conservateur pour ne pas dire rétrograde. En Corse, les mots ont acquis et gardé toute leur importance car le peuple corse a une vieille tradition orale. Elle remonte à la nuit des temps.
Connaissez-vous la Corse ? Oui ! Une île paradisiaque, aux plages ensoleillées, à la nature vierge et peuplée de machos impertinents et de terroristes chevronnés, où l'on pratique la sieste autant que le racket. Caricatures outrancières !Les Corses ont été caricaturés par des écrivains célèbres qui n’ont vu sur l’île que de l’exotisme pour donner une large part à l’anecdote.
Peut-être avez-vous lu " Histoire corse " une nouvelle de Guy de Maupassant ? On y lit l’extrait qui suit :
" … gendarmes éventrés par les sauvages paysans de cette île, réfugiés dans la montagne à la suite de quelque vendetta. Le légendaire maquis cache en ce moment, d’après l’appréciation de MM. les magistrats eux-mêmes, cent cinquante à deux cents vagabonds de cette nature qui vivent sur les sommets, dans les roches et les broussailles, nourris par la population, grâce à la terreur qu’ils inspirent. Je ne parlerai point des frères Bellacoscia dont la situation de bandits est presque officielle et qui occupent le Monte d’Oro, aux portes d’Ajaccio, sous le nez de l’autorité. La Corse est un département français ; cela se passe donc en pleine patrie ; et personne ne s’inquiète de ce défi jeté à la justice. Mais comme on a diversement envisagé les incursions de quelques bandits kroumirs, peuplade errante et barbare, sur la frontière presque indéterminée de nos possessions africaines ! Et voici qu’à propos de ce meurtre le souvenir me revient d’un voyage en cette île magnifique et d’une simple, toute simple, mais bien caractéristique aventure, où j’ai saisi l’esprit même de cette race acharnée à la vengeance. "
Henri Ceccaldi, Diogène de la presse corse, a écrit un article plein d’humour qui pourrait être une réponse aux poncifs malveillants qui font de la Corse un lieu de criminalité. Il s’agit d’un article tiré de la chronique " Le coin de Diogène, au titre de Doulce Corse et paru le 17 janvier 1955
« La lecture de la presse continentale de la semaine dernière a dû donner des cauchemars aux personnes sensibles : assassinats, suicides meurtres, accidents ont rempli des colonnes entières. La sauvagerie et la démence ont particulièrement illustré ce début de l’année 1955. Aussi n’ai-je pu m’empêcher de commenter en vers ces nombreux faits d’hiver.
Tandis qu’au-delà de la mer
On peut voir : des meurtres de fous,
Accidents de chemin de fer,
Coups de feu de maris jaloux
Femmes tuant à coups de hache
Jeunes gens à coups de couteau
Chez nous on n’est pas aussi lâches
Pour voir ça, prenez le bateau.
Un gamin tuait sa marâtre
Quand elle avait le dos tourné
Un ivrogne ne faisait que battre
Son épouse et son nouveau-né,
Ici, il n’y a que je sache
De ces modèles de salauds ;
Chez nous on n’est pas aussi lâches
Pour voir ça, prenez le bateau.
Ailleurs on voit des coupe-gorge
Pleins de voyous, de sans-abris.
Ici les seuls que l’on égorge
Sont les cochons et les cabris.
Partout on trouve des apaches,
Dans les taudis, dans les châteaux ;
Chez nous, on n’est pas assez lâches
Pour voir ça, prenez le bateau.
DIOGENE.
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Henri Ceccaldi, alias Diogène, était un opposant permanent qui avait le souci de l’intérêt de la Corse et des Corses. Il avait été rédacteur en chef du journal la « Quatrième république »(1943-1947) avant de tenir sa rubrique « le coin de Diogène » dans le journal bastiais « L’informateur ». De la Quatrième république, il connut la fin et le passage à La Cinquième gaullienne. Nous avons rassemblé des articles politiques écrits avant 1958 et, en dernière place, un article de son confrère Paul Silvani sur les circonstances de la fins de Quatrième république au début de la guerre d’Algérie, en 1958.
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De Marie Susini à Petru Rocca
Henri Ceccaldi était un journaliste corse et un homme de culture. La culture, il en avait fait aussi une activité bénévole à travers l’association Altitude et l’organisation d’événements à Evisa. Sa culture personnelle, elle ressortait de ses écrits qui n’était pas toujours de simples articles, puisqu’on y trouve des fables et des poèmes. Sa culture, elle lui faisait faire références à ses lectures, comme celle de L’île aux Pingouins, et à des personnages, Topaze ou Cyrano de Bergerac. Il convoquait même Jean Giono pour un éloge des dormeurs de Verone et de la sieste dans « Voyage en Italie ». Au-delà de ces exemples, Il lui arrivait aussi de jouer le critique littéraire pour louer notamment les talents de Marie Susini et son roman « La feria » ou d’interpeller les pinzuti avec « Connais-tu la Corse ? » titre d’un ouvrage de Petru Rocca, avec une introduction de Pierre Bonardi.
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Marie Susini est née le 18 janvier 1916 à Renno (Corse). Elle vit ensuite à Marseille puis à Paris où elle fait ses études de philosophie – dont un travail sur l'œuvre d'Henri Bergson – et de lettres. Elle a également suivi des cours de l'École du Louvre et du Collège de France. Elle travaille comme secrétaire particulière du ministre de l'Éducation nationale du gouvernement de Vichy Abel Bonnard et ensuite comme bibliothécaire et conservatrice au service du catalogue de la Bibliothèque nationale de France jusqu'à sa retraite. Marie Susini a par ailleurs joué le rôle de la femme de Matthieu, dans Mouchette de Robert Bresson (1967). Elle a été membre du jury du prix Fémina à partir de 1971 jusqu’à sa mort et membre du jury France-Canada. Elle a reçu la médaille de l’Ordre des arts et des lettres en 1984. Restée célibataire durant sa vie, Marie Susini a été la compagne de Jean Daniel, écrivain et journaliste français, et fondateur de l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur. Selon Jean Daniel, Albert Camus aussi aurait été amoureux de Marie Susini.Marie est morte le 22 août 1993 à l'hôpital d'Orbetello pendant une visite amicale en Italie et enterrée à Vico où elle a grandi.
Son œuvre parle de la Corse, de l'enfermement de l’île et de la puissance des sentiments qui se confrontent souvent intérieurement sans pouvoir s'exprimer. Parmi ses livres, le roman C'était cela notre amour est l'un des plus connus. Sa pièce de théâtre Corvara devrait en partie son origine à un conseil d'Albert Camus.
Bibliographie :
Plein Soleil, roman, 1953
La Fiera, roman, 1954
Corvara, théâtre, 1955
Un pas d'homme, roman, 1957
Le Premier Regard, récit, 1960
Les Yeux fermés, roman, 1964
C'était cela notre amour, roman, 1970
Je m'appelle Anna Livia, roman, 1979
La Renfermée, la Corse, essai, 1981
L'Île sans rivages regroupant (Plein Soleil, La Fiera, Corvara ou la Malédiction, La Renfermée, la Corse), 1989
Pierre-Marie Gabriel Rocca naît le 28 septembre 1887 à Vico, en Corse. D’abord imprimeur, il collabore à la revue Tramuntana. Durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé en 1914. Sur le front, il rédige Le Canard des marais pour ses camarades. Blessé à de nombreuses reprises, il est fait officier et chevalier de la Légion d'honneur. Il publie à partir du 15 mai 1920 la revue A Muvra (« Le mouflon »), avec d'autres anciens combattants. Il devient éditeur à Ajaccio. Il crée en fin 1922 ou début 1923 le Partitu Corsu d'Azione sur le modèle du Partito Sardo d'Azione. Ce parti devient le Partitu corsu autonomista (« Parti autonomiste corse ») en 1926 ou en 1927. Il se réfère aux exemples catalan et irlandais, et en liaison avec les Bretons de Breiz Atao. Il revendique le droit de tous les peuples à disposer d'eux-mêmes. Dans le cadre des luttes des mouvements régionaux, il entre en relation avec certaines organisations autonomistes bretonnes, flamandes, alsaciennes et basques dans les années 1920. Dans ce cadre, Petru Rocca s'occupe de la rubrique corse de la revue Peuples et frontières après 1936, qui est l'organe de coordination des courants autonomistes avant-guerre. Il y agit avec des dirigeants autonomistes parmi les plus ouvertement liés au nazisme, comme Olier Mordrel, l'abbé Gantois et Hermann Bickler. À partir de 1935, il s'affirme indépendantiste. L'Italie de Mussolini encourage les Corses dans cette direction. Des poètes sont invités en Italie. Cependant, contrairement aux linguistes italiens qui tentent de motiver les revendications italiennes, Rocca ne pense pas que le corse dérive du toscan mais insiste sur le fait que ces dialectes dérivent d'un langage commun qui n'est pas l'italien. En 1938, il est exclu de l'ordre de la légion d'honneur. A Muvra commence alors à publier des articles antisémites et anti-francs-maçons. En 1939, après de multiples saisies et perquisitions, le journal est interdit. Lorsque la Seconde Guerre mondiale s'annonce, par peur des visées irrédentistes de l'Italie de Mussolini, l'État ferme l'imprimerie de A Muvra. Les autonomistes s'étaient amalgamés aux irrédentistes, dans les relations avec l'Italie fasciste. Ruiné, Petru Rocca est condamné à plusieurs années de prison en 1946. Accusé de collaboration avec les Italiens en 1945, il est condamné à 15 années de travaux forcés. En 1953, il crée une académie afin de défendre la langue corse.
Petru Rocca, Directeur de « A Muvra » et leader incontesté du mouvement autonomiste de l’entre-deux-guerres, cite dans son ouvrage Connais-tu la Corse? (Editions Agence parisienne de distribution, 1960) les noms des dix-sept rédacteurs principaux de son hebdomadaire « corsiste » . Parmi eux quatre ecclésiastiques : Dominique Carlotti, Tommaso Alfonsi, Antoine Saggesi et François Petrignani. L’engagement d’hommes d’église dans ce mouvement politique ne se comprend qu’en rappelant brièvement la situation de la Corse. Un article en parle en cliquant ci-desous.
LES ECCLESIASTIQUES REDACTEURS DE A MUVRA | Accademia Corsa di Nizza
Bibliographie :
Les corses devant l'anthropologie, Gamber, 1913
Pruverbii, massime è detti corsi, 1921
A pignatta, cumedia di Plautu, 1924
Storia populare di Corsica, 1930
Una Vittoria Autonomista. L'Assemblea di i "Stati Generali di Corsica, 1934
Quaderni di u Cursismu, 1935
Parlà d'Aghjacciu, puesii, 1955
Connais-tu la Corse?, 1960
Tempi è tempi, 1963
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Casa corsa et Sirinata aiaccina
Dans un article du 20 février 1956, Henri Ceccaldi rend compte d’une visite faite à la "Casa corsa" qui était située au 5 rue Maréchal d’Ornano Ajaccio, près de la place du Général de Gaulle (place du diamant pour les vieux Ajacciens) et du cours Napoléon. Il s’agissait d’un musée du costume et de l’habitat corse mais aussi du siège de « A Sirinata aiaccina » , troupe folklorique créée en 1951 par Victor Franceschini, lui-même chanteur. Cette troupe s’est produite en Corse mais aussi sur le Continent, en Italie et en Belgique. A l’opéra de Marseille, le 29 mai 1956, elle a joué une farce villageoise écrite par Henri Ceccaldi dont le titre est « U votu di Cirottu ». En août 1957, cette troupe sera invitée au Festival traditionnel du dialecte et de la chanson corse organisé à Evisa par Henri Ceccaldi à travers l’association culturelle « Altitudes » qu’il avait constituée, dans les années 1950. Nous publions l’article sur A casa corsa et A Sirinata aiaccina, le programme du festival organisé à Evisa en 1957, mais aussi le texte de la fable écrite par Henri Ceccaldi.
Nous publions l’article sur A casa corsa et A Sirinata aiaccina, le programme du festival organisé à Evisa en 1957, mais aussi le texte de la fable écrite par Henri Ceccaldi.
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Pulitichella
Henri Ceccaldi était un opposant permanent. Il ne s’est pas enrichi et n’a pas reçu de décorations dont il n’avait que faire et ce malgré son activité dans la résistance dont il ne faisait pas étalage contrairement à ceux de la dernière heure dont il se moquait sans les citer nominativement. Il était en avance sur son temps et croyait plus à la démocratie participative qu’à la démocratie représentative qui, pour lui, correspondait à des distributions électorales de fromages. Pour lui « les voix des moutons rapportent chez nous plus que le lait des brebis ». Il n’a cessé de dénoncer, la pulitichella, les compromissions et les dérives financières. Il dénonçait l’abandon de la Corse laissée dans la misère. Il méprisait les valets des pouvoirs en place qui « prêtaient une oreille distraite ou indifférente à leurs plaintes assaisonnées de guimauve ». Il fustigeait l’industrie des armes et la fabrication de la bombe atomique, « les 200 milliards qui sont partis en fumée ».
Dans son coin de Diogène, Henri Ceccaldi écrit tout haut des vérités, que, à l’époque, d’autres disent tout bas. Il le fait avec humour et souvent doigtée, car il n’est jamais cruel. Dans tous ses écrits, transparaît son amour pour la Corse, un amour lucide et d’autant plus sincère. Dans les années 1950 à 1960, il trouvait que l’Etat français ne se montrait pas reconnaissant envers la Corse, pourtant à la pointe du combat pour la défense du droit et de la France.
Depuis plus de soixante ans rien a changé au fond. Diogène aurait continué son œuvre de journaliste polémiste et nous inspire les lignes qui suivent …
La grande presse (grande grâce aux capitaux de quelques milliardaires et aux subventions de l’Etat) balance des sondages orientés, à l’horizon de chaque élection régionale et agite, en Corse, les affres de l’incertitude, due à la multiplication des candidats, provoquant une fébrile activité chez les nombreux « panzi-pilosi » (expression ajaccienne qui peut se traduire par récipients d’air) de la politique. L’idéologie n’a rien à voir lors des conciliabules secrets dans les bistrots et les arrière-boutiques des permanences électorales où ces messieurs se distribuent les places sur les listes électorales, préparant les alliances du second tour. Des listes semblent sorties d’un shaker électoral tant elles sont hétéroclites. On nous sert des cocktails électoraux. La digestion est souvent difficile après le premier tour. Au second tour, d’aucuns acceptent le concubinage sans renier leur pavillon et sans trahir leurs électeurs. D’autres peuvent déjà compter sur les votes par correspondance qui assurent des réélections et de nouveaux mandats à des élus sortants. Il n’est pas besoin de faire venir un troupeau d’électeurs continentaux par bateau ou avion. Les compagnies maritimes et d’aviation ne bénéficient même plus de cette manne économique. Ces votes n’ont aucun intérêt économique mais représentent une véritable catastrophe sur la démocratie locale. Dans la pièce de Sartre « Les séquestrés d’Altona », un personnage dit « un plus u égale un ». Transposons cette apostrophe existentialiste sur le plan mesquin de la politique corse, nous pouvons dire : « Un politicien plus un politicien égalent un politicien » soit « kif-kif bourricots ! », ou bien « blanc bonnet et bonnet blanc ». Où sont les bienfaits des uns et les bienfaits des autres depuis des dizaines d’années ? Qu’ont fait les Topaze de Pagnol et les fils du bohème Rameau dans l’œuvre de Diderot ? Qu’ont fait ceux à qui l’argent donne une belle assurance ? Quand la Corse connaîtra-t-elle un renouveau ? L’occasion pourrait-elle se présenter aux prochaines élections régionales, même si elles ne se déroulent pas au printemps ?
Un parti semble prospérer partout en France, c’est celui des abstentionnistes. Des « scrogneugneu » préconisent de rendre le vote obligatoire et même de punir les abstentionnistes. Ils voudraient que le suffrage universel reste une fabrique de fromages à condition d’en être les « récipients d’air ». Ce sont souvent les mêmes qui ne veulent pas recourir au référendum. Les abstentionnistes et les votes blancs devraient être pris en compte car, lorsqu’ils sont majoritaires, ils devraient remettre en cause la légitimité des élus d’une république qui a pour devise « Liberté, Egalité, Fraternité », trois grands mots qui ne sont pas entrés dans la réalité. Chacun reste libre de voter ou non. Le problème n’est pas l’abstention mais ses causes. Elle n’est que le symptôme d’une démocratie malade.
C’est aux abstentionnistes qu’il faut s’adresser pour transformer la « fabrique à fromages » en démocratie. Comme le beurre se forme au fond de la baratte, du « baratin » jaillissent nos élus friands de légions d’honneur, de petits fromages et autres colifichets. La fée Marianne, devenue aveugle en vieillissant, les décore d’un ruban rouge pour attirer autour d’eux des habitants transformés en grenouilles. Electeurs, ne vous cherchez pas des chefs de clans, des roitelets avec leurs «ventrepreneurs » (comprenez entrepreneurs) ! Chaque élection est l’occasion d’un renouveau. La présence d’une nouvelle force politique apparaît souhaitable en Corse, dans la mesure où elle met en avant des idées et des solutions plutôt que des politiciens, lamantins usés par la pulitichella ou simples relais de la politique nationale quelle qu’elle soit.
O tempora ! O Mores ! Sans jouer le Cicéron, chacun doit dénoncer la cuisine peu reluisante à laquelle se livrent certains proconsuls de clocher. O combien de promesses, à corbeilles bien remplies, qui fleurissent pendant les campagnes électorales pour s’évanouir après les élections ! Combien ont disparu pour aller dans la lune et sont dans le néant à jamais enfouies ! Combien de projets morts pour sauver des fromages. L’ouragan du profit, d’un souffle puissant, en disperse vite les morceaux.
Il y a urgence ! Un mouvement à la fois politique (au bon sens du mot « politique ») et issu de la société civile émergera-t-il en Corse pour redonner un espoir aux citoyens corses réfugiés dans l’abstention ou prêts à écouter les sirènes de la « fachosphère » ? Sachez qu’une campagne électorale coûte cher et que, seuls, ceux qui obtiennent plus de 5% des voix sont remboursés. Souvent seuls les élus en place et les partis du Système ont les moyens d’y participer. C’est l’argent, là encore, qui prime. C’est pour cela qu’il faut soutenir ceux qui prennent de vrais risques financiers dans l’intérêt commun et non pas les partis aux finances prospères alimentés par des lobbies et des intérêts personnels.
Henri Ceccaldi n’est plus. Pour faire suite à ce qu’il aurait pu écrire aujourd’hui, nous publions quelques-uns de ses articles polémistes qui n’ont pas dû lui attirer que des amis mais qui sont la preuve de son indépendance d’esprit et de sa honnêteté journalistique, qualités rares de nos jours.
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Le lion britannique et le coq gaulois
Henri Ceccaldi avait un regard journalistique au-delà de la Corse et l’année 1956 lui a fourni l’occasion de donner sa vision sur les rapports de force dans des conflits internationaux comme celui du Canal de Suez et, en parallèle, l’invasion des chars russes à Budapest.
La nationalisation du canal de Suez par le président égyptien Nasser privait les Français et les Britanniques des droits de péage sur le canal. Cela va entraîner une cascade de conflits. Alors qu’’une conférence internationale s'ouvrait à Londres le 16 août en vue de trouver un compromis, les militaires français et britanniques transportaient des troupes vers Chypre. Le Premier ministre israélien David Ben Gourion, son chef d'état-major Moshe Dayan et Shimon Peres passe un accord secret à Sèvres, avec Guy Mollet et un émissaire britannique. Les Israéliens attaqueront les Égyptiens et, dans la foulée, Français et Britanniques occuperont la zone du canal sous prétexte de les séparer, en soumettant les Egyptiens à un ultimatum. Les troupes du général Moshe Dayan mettent en déroute l'armée égyptienne dans le Sinaï. Comme convenu, Londres et Paris adressent un ultimatum conjoint au Caire et à Tel Aviv, enjoignant aux combattants de cesser le feu et de se retirer à 10 miles du canal. Israël s'incline mais l'Égypte, sans surprise, refuse l'ultimatum. Français et Anglais détruisent au sol les avions égyptiens. Et, les 5 et 6 novembre, les parachutistes sautent sur Port-Saïd, à l'endroit où le canal débouche sur la mer Méditerranée. Pendant que l'attention du monde se porte sur le canal de Suez, les chars soviétiques entrent à Budapest et répriment le soulèvement des Hongrois contre leur régime communiste. À peine les paras français et britanniques mettent pied dans la zone du canal, les Soviétiques menacent d'intervenir avec des fusées intercontinentales à tête nucléaire si l'attaque n'est pas stoppée ! Washington fait alors pression sur ses alliés pour arrêter les frais... le 6 novembre 1956, l'expédition de Suez tourne au fiasco et prend fin à Minuit. Les parachutistes français et britanniques doivent cesser le feu quelques heures à peine après avoir sauté sur le canal et défait les troupes égyptiennes. Imposé par les Soviétiques et les Américains, ce cessez-le-feu sonne pour la France et la Grande-Bretagne la fin de l'ère coloniale et la fin de leur influence au Moyen-Orient. Il annonce aussi l'émergence du tiers monde et des pays arabes ainsi que l'intervention des États-Unis dans la politique moyen-orientale.
Cet épisode peu glorieux n’a pas échappé à Henri Ceccaldi qui, dans son coin de Diogène, en a fait une fable mais aussi un billet d’humeur sur la vérité assassinée dans ces conflits qui se sont dénoués à Suez et à Budapest.
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La commère Carmen Tessier considérait la confraternité comme une haine vigilante. C’est elle qui l’a dit. Henri Ceccaldi était un journaliste vigilant sur ce qu’elle disait des Corses. Il brocardait celle qui tenait la rubrique « Les potins de la commère », en l’appelant la commère et en montrant le mépris qu’il éprouvait pour cette journaliste jugée par lui comme une fumiste ne vérifiant pas ses informations et une raciste anti-corse primaire. Elle s’en prenait régulièrement aux Corses en déversant toujours les mêmes poncifs et en premier lieu la légendaire paresse de nos compatriotes. Ragots, fadaises éculées sont les potins de la commère.
Voici deux articles de Diogène sur cette commère, journaliste par la volonté de son amant Pierre Lazareff, grand journaliste mais néanmoins homme.
Fille d'un cafetier, Carmen Clotilde Julienne Tessier était vendeuse dans une quincaillerie lorsqu'à l’âge de 21 ans, elle est embauchée au Poste parisien où elle commence par donner les cours de la Bourse. Elle intègre ensuite l'équipe du Journal Parlé de Maurice Bourdet où elle est chargée de la rubrique judiciaire. Pendant l'Occupation elle travaille à Paris-Soir, journal devenu collaborationniste. Après la Libération, sa carte de presse lui est retirée. Elle raconte au journaliste Jean-Claude Lamy : « Grâce à l'intervention de Pierre Lazareff, j'ai pu comparaître une nouvelle fois devant le comité qui décidait de l'attribution de la carte. Le magistrat qui présidait m'a déclaré avec hauteur : "Alors, madame, qu'avez-vous fait pendant la guerre ? - Monsieur le président, vous le savez aussi bien que moi : j'ai rendu compte des procès que vous avez jugés !". Ça a été fini. En foi de quoi, j'ai eu la carte de presse n°750 ». Elle devient ainsi journaliste à France-Soir, embauchée par son amant Pierre Lazareff. Relatant des rumeurs concernant des personnalités et des vedettes, elle y tient la rubrique « Les potins de la commère ». Elle publie plusieurs ouvrages, comprenant les recueils de ses échos, dont la Bibliothèque rosse, Histoires de Marie-Chantal et La Commère en dit plus. En 1956, Romain Gary obtient le prix Goncourt pour Les Racines du ciel. Carmen Tessier l'égratigne dans sa chronique, y expliquant que l'écrivain ayant vécu à l'étranger, il maîtrise mal le français. Elle suggère qu'Albert Camus et Jacques Lemarchand ont écrit son livre à sa place. Albert Camus se fend alors d'une lettre à Charles Gombault, co-directeur de France-Soir, lequel déclare, après avoir lu la missive : « C'est bon, on ne parlera de Camus dans ce journal que pour annoncer sa mort ». Philippe Bouvard la remplace à cette rubrique en 1973. Souffrant d'une dépression nerveuse, elle se suicide en 1980, en se jetant du 9e étage d'une résidence pour personnes âgées à Neuilly-sur-Seine, où elle vivait avec son mari, l'ancien préfet de police André Dubois. Elle était née le 24 juin 1911, à Allaines (Eure-et-Loir).
Les poncifs sur les Corses sont toujours véhiculés par une partie de la presse. On l’a entendu récemment avec le roquet du Paf et donneur de leçons, Christophe Barbier. Luc Le Vaillant dans le journal Libération écrivait que la Corse était « rafiot montagneux qui a cessé toute communication avec le monde hyperconnecté ». Charles Monti a rapporté les propos nauséabonds de ce portraitiste de Libération sur le site Corse Net Infos. Le procureur d’Ajaccio, Xavier Bonhomme, a été plus nuancé que les deux journalistes jacobins et le ministre de l’Intérieur, en déclarant à Corse-matin : « Il y a un rapport à la violence qui est particulier en Corse avec un facile recours aux armes et un nombre d'armes en circulation qui est très, très important ».
Christophe Barbier est le plus prompt à exploiter une rumeur non vérifiée pour accuser les Corses de fraudeurs et de violents. Il est l’héritier des commérages de la Carmen Teissier.
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Henri Ceccaldi , alias Diogène corse, offrait parfois une fable revu à la façon de son ami Natale (Noël) Rochiccioli, natif de Cargese et donc proche d’Evisa. Nous avons choisi celle du Lièvre et de la tortue qui pourrait s’intituler la revanche du lièvre et dont la morale apparait plus complexe que celle de Jean de la Fontaine.
C’est l’occasion aussi de rendre hommage à Natale Rochiccioli, poète, humoriste et chansonnier. C’est un personnage célèbre du monde culturel et artistique insulaire. On dit encore de lui : « Humour, finesse d'esprit, maîtrise de la langue et de ses expressions particulières, richesse de l'inspiration, telles pourraient être ainsi décrites les qualités principales de cet Esope corse. Spécialiste de la fable et de l'historiette à moralité, Natale Rochiccioli nous entraîne dans une folle sarabande, à la rencontre de son imaginaire et de sa poésie… » Cargèse ne veut pas qu’on l’oublie et a inauguré le17 mars 2018 un espace à son nom dans le centre culturel. Il s’est éteint en décembre 2002 à l’âge de 91 ans.
Et voici un texte de Natale Rochiccioli mis en ligne gratuitement sur le site Educorsica - EDUCORSICA - Portail de ressources du CRDP de Corse.
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