• Henri Ceccaldi journaliste polémiste

    Henri Ceccaldi journaliste polémisteParfois des articles de Diogène pouvaient valoir à Henri Ceccaldi quelques escarmouches verbales gentilles et peut-être des menaces dont il ne faisait pas étalage dans ses articles. On dit même qu’il se déplaçait avec une canne – épée et un ou deux cousins lorsque c’était chaud. Nous avons retrouvé une suite d’articles qui lui a valu une gentille lettre d’un Monsieur Renucci conseiller général de Zevaco pour lui expliquer que son article « O tempora ! O mores » (paru le 21 mai 1953) ne tient pas compte de la moralisation des mœurs politiques dont ce conseiller se dit un défenseur. Pour autant, aujourd’hui encore, peut-on dire que tout est devenu parfait ? Diogène l’incita alors à relire « Topaze » écrit par Marcel Pagnol.

    Nous publions les deux articles d’Henri Ceccaldi, alias Diogène, relatifs à cette gentille polémique, en y ajoutant un autre de ses articles, le troisième volet illustrant une part de ces mœurs en évoquant ceux qu’il nomme les « ventripreneurs » et les « lamentins » sous la forme d’un conte à la Pérrault, intitulé « Comptes de fée ». Nous reproduisons d’abord ce troisième article de cette série. Diogène enfonce le clou…

    Mon " Relisez Topaze " de la semaine dernière a provoqué chez de nombreux lecteurs et amis, divers commentaires encourageants dont j’ai eu les échos. Tous sont d’accord pour me dire : " Dénoncez les coupables ! "

    Mais comment prouver ce que tout le monde devine sans atteindre la diffamation, au sens juridique du mot ?

    Je vais donc vous faire un conte de Perrault, avec des ogres voraces et des " Petit Poucet " résignés.

    Il était une fois une île pauvre et presque déserte. Les habitants très clairsemés de cette île se plaignaient tout le temps de manquer d’eau, d’électricité, d’écoles, de routes … etc. Ils avaient désigné pour les défendre des squales appelés " lamentins " dont les qualités principales sont d’imiter les plaintes humaines et de suivre les bateaux d’où l’on jette à manger.

    Marianne la fée protectrice de l’île, y semait de temps en temps quelques poignées de grisbi, laissant aux lamentins le soin de l’utiliser suivant les nécessités.

    Quelle aubaine pour les lamentins ! Ils appelaient à la ripaille les ventrepreneurs " (variété de castors) :

    - Construis-moi cette route, disait le " lamentin ".

    - Combien ? demandait le " ventrepreneur ".

    - 20% pour moi, répondait le " lamentin ".

    - D’accord ! mais laissez-moi récupérer, disait le " ventrepreneur " .

    C’est ainsi qu’un hameau de 80 vieillards se voyait tracer une route inutile et mal chaussée conduisant à la mer, tandis qu’un bourg de 1200 habitants avait peu d’eau et pas d’électricité.

    C’est ainsi qu’un groupe scolaire de deux étages ( un million pour le lamentin ) s’élevait pour une douzaine d’élèves…

    - Mais ces lamentins et ces ventrepreneurs étaient malhonnêtes ? me demandez-vous.

    - Que non !

    La fée Marianne, devenue aveugle en vieillissant, les décorait d’un ruban rouge pour attirer autour d’eux les habitants transformés en grenouilles.

     

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